jeudi 18 octobre 2007

B.
L’avènement de S.M. Ang-Duong (1841-1859)

Le roi de Siam ne s’oppose pas au retour du Prince. Il se réjouit de voir l’échec des Annamites au Cambodge.

Ayant accédé aux demandes des Cambodgiens, il charge le vieux général Chau Kun Bodyn (ou Bodin) de lever une armé et de restaurer la dynastie sur le trône du Cambodge.

Avec l’aide de la population Khmère, Bodin et Ang-Duong parviennent à refouler les Annamites jusqu’à Chau Choc.

A Oudong, Ang-Duong est acclamé par le peuple khmer et prend solennellement la direction des affaires.

Au moment où les Annamites et les Siamois se battent entre eux, Ang Duong organise son armée pour reprendre les provinces cochinchinoises.

“D’Oudong, dit Leclère, Ang-Duong se transporte à Treang avec une armée cambodgienne. L’armée annamite qui venait d’obliger le corps d'armée siamois à se rembarquer, marcha sur lui, le rencontra à Choeung Kanchoum.”

Dans une sanglante bataille (1841), Ang-Duong résista mais dut se replier ensuite vers Oudong.

Les deux armées ennemies (siamoise et annamite) sont demeurés chacune sur le territoire conquis. A. Leclère précise qu’ “en fait, chacun des adversaires songeait à s’annexer quelques unes des provinces du Cambodge, à se partager le pays et, par conséquent, à occuper le plus de territoire possible.” Cependant la résistance khmère, organisée en des points stratégiques, leur fait obstacle.

Devant les force de Ang-Duong et celles de Bodin, les annamites reculent et demandent la paix à Ang-Duong.

“Voyant que les Cambodgiens étaient invincibles dans leurs positions et que leur énergie était à la hauteur de leur science militaire, le général des Yuon, qui venait de refuser la paix, la demande à son tour”. (H.C., Leclère, p. 432).

Ang-Duong exige du général annamite les conditions d’un traité de paix: que les Annamites rendent les personnes de la famille royale, tous les roturiers et les mandarins.

Un traité est ratifié par le gouvernement du Siam et celui de l’Annam, l’échange des prisonniers a lieu en juin 1846 et Ang-Duong est sacré à la fin de l’année 1847.

La paix retrouvée, Ang-Duong se met non seulement à réorganiser le pays, mais également à organiser des armées et à construire des fortifications en vue de reprendre les provinces cochinchinoises occupées par les Annamites.

Une citation, extraite des documents du Ministère des conférences, sous le titre de “Tentative de reprise des terres cambodgiennes au Sud Viêt-nam” (Rois de Kampuchea p.1) confirme les préoccupations de S.M. Ang-Duong.
“Comme nous avons vu au chapitre de tentative de reprise, S.M. Ang-Duong a entrepris des campagnes en Cochinchine contre les Annamites pour essayer de reprendre ses États. Malgré qu’il fût un roi pieux et sincèrement pacifique, en considération de son peuple chargé de misère, ce grand monarque ne peut cependant résister au sentiment de sympathie et de pitié pour les Cambodgiens opprimés du Sud. Il fit construire en face des provinces de Chaudoc et de Hatien des forts qui devaient constituer autant de points de départ pour les troupes khmères. Encouragés par les défaites successives des Annamites battus par les Français, Ang-Duong eût engagé à fond la partie et se fût certainement allié à la France contre l’Annam dans le but de récupérer les riches terres si injustement arrachées à ses ancêtres, si la maladie puis la mort n’étaient venues, en 1860, mettre fin à ses projets (Histoire du Cambodge, A. Leclère p. 445 à 447).”


Le peuple khmer regretta vivement la mort du grand monarque que fût S.M. Ang-Duong, C’est lui qui notifia à Napoléon III empereur des Français, les droits territoriaux du Cambodge sur la Base Cochinchine. Sa lettre de 1856, qui sera analysée plus loin, dans la section consacrée aux protestations, a une haute valeur juridique. Elle constitue la preuve écrite la plus authentique confirmant l’appartenante de la Cochinchine au Royaume du Cambodge.

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A la fin du règne de S.M. Ang-Duong (1860), la lutte par les armes en vue de reprendre le Kampuchéa Krom fait place aux actes diplomatiques: protestations et réserves.

Le Cambodge se trouve alors face non à des Annamites, mais à des Français qui viennent à leur tour occuper la Cochinchine, la transformer en colonie française, en l’arrachant des mains du roi d’Annam.

Avant d’aborder le paragraphe consacré à l’occupation française, nous pouvons déjà tirer une conclusion des faits historiques déjà exposés.

Ces faits montrent comment le territoire khmer fut envahi par les Viêtnamiens et comment ceux-ci furent sans cesse combattus par les Khmers, anciens et seuls légitimes occupants du territoire sur lequel ils entendent maintenir leur souveraineté.

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