SECTION II.
L’INTÉGRALITÉ TERRITORIALE
DU CAMBODGE
S’ÉTEND À LA COCHINCHINE
De ce rappel sommaire de la formation du royaume du Cambodge, nous pouvons tirer une conclusion relative à l’intégrité territoriale du Cambodge.
Résumons en six points cette conclusion:
1) - Le royaume Khmer est formé historiquement depuis le premier siècle de note ère. L’unification entre le Cambodge de terre (le Tchen-La) et le Cambodge de l’eau (le Fou-Nan) fut réalisée complètement au VIIIè siècle. Toute la partie sud de la Péninsule indochinoise, ex Cochinchine comprise, faisant partie intégrante du royaume du Cambodge.
2) - Le Cambodge ainsi unifié fut agrandi et trouva sa pleine expansion pendant environ 6 siècles (de 802, avènement du Jayavarman II à la fin du XIVè siècle). Pendant cette période, son territoire englobait le Champa, le Bas-Laos, la Thaïlande jusqu’aux frontières de la Birmanie au Nord et celles de Malaisie au sud. C’était l’époque de l’Empire khmer.
3) - Au XVè siècle, le Royaume du Cambodge perdit ses provinces dépendantes (Champa, Bas-Laos, Thaïlande) et retrouva ses frontières initiales, celles qu’il possédait au moment de son unification.
4) - Le Bas-Cambodge, l’actuel Kampuchea-Krom (l’ex-Cochinchine française - autrefois le Fou-Nan) est historiquement et incontestablement un territoire khmer.
5) - Les Viêtnamiens ne commencent à annexer par la force le Bas-Cambodge qu’au XVIIe siècle, donc à partir d’une date relativement récente (nous en parlerons plus loin). Le Bas-Cambodge, pays khmer, est gouverné et administré par les autorités khmères depuis les origines. Sous l’occupation des Viêtnamiens, puis des Français, la royauté cambodgienne conserve encore son prestige auprès des populations khmères vivant au Kampuchea Krom.
Il convient aussi de signaler que sous l’occupation française, les rois khmers continuèrent d’exercer leur souveraineté religieuse sur la hiérarchie religieuse bouddhique de Cochinchine.
Cette hiérarchie continua à relever de l’autorité des supérieurs des ordres religieux du Cambodge qui nommaient les Mékhon et les Chau Athicar (respectivement supérieurs des circonscriptions religieuses et supérieurs des monastères). Le siècle de la “section sud de l’Institut bouddhique” se trouve toujours dans le centre de Cochinchine.
Le régime du président Diêm cherche, depuis son accession au pouvoir, à détruire ces témoignages irréfutables entre tous de l’appartenance de la Cochinchine au Cambodge, en décrétant des mesures propres, à détacher les bouddhistes khmers de Cochinchine de leurs frères du Cambodge.
Moura, dans son ouvrage (déjà cité) sur l’Histoire du Cambodge, relate les luttes et les guerres continuelles auxquelles se livraient les Khmers pour libérer leurs provinces du Sud de l’emprise viêtnamienne; il souligne qu’aucune convention ni aucun traité n’étaient intervenus pour légitimer l’occupation des Annamites sur la Cochinchine:
“Ce fut vers 1675 que commencèrent ces guerres continuelles entre les deux peuples et l’annexion progressive de tout le delta du fleuve au royaume annamite... ”.
“Cependant aucune convention formelle, aucun traité régulier n’intervinrent pour régler et légitimer la prise de possession par les Annamites de tout cet immense et riche pays. Il n’y eut pas de frontière tracée... ”.
6) - L’intégrité territoriale du Cambodge s’étend donc depuis l’époque du Fou-Nan et du Tchen-La.
sur les 17 provinces du Cambodge de terre (Cambodge actuel)
sur les anciennes provinces du Cambodge de l’eau, l’ex-Cochinchine, le Kampuchea-krom des Khmers.
Par conséquent, l’occupation de la Cochinchine par les Annamites, au XVIIè siècle, et par les Français au milieu du XIXè siècle, a violé l’intégrité territoriale du Cambodge.
Cette occupation, qui est une situation de fait, n’affecte en rien la situation juridique du Kampuchea Krom, qui reste terre khmère. Nous arrivons maintenant au deuxième chapitre de notre mémoire.
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