jeudi 18 octobre 2007

II. Les démarches de S. M. Norodom et du prince Yukanthor

II.
Les démarches de S. M. Norodom et du prince Yukanthor

Peu après la mort du roi Ang-Duong, survenue en 1860, la France, ne tenant aucun compte de la lettre de 1856 adressée par le Souverain défunt à l’Empereur des Français, manifeste l’intention de s’emparer des provinces du Kampuchea-Krom.

En mars 1861, nous l’avons dit, l’amiral Charner, réinstallé à Saigon, avise de ces intentions S. M. Norodom.

L’année suivante, le 5 juin 1862, le traité franco-annamite cédant les provinces de Bien-Hoa et de Dinh-Tuong et île de Poulo-Condor à la France, est signé.

En 1863, S. M. Norodom signe, de son côté, le traité instituant le protectorat de la France sur le Cambodge.

Fort de ce traité, il se rend à Saïgon en 1864, accompagné de Lieutenant de Vaisseau Doudard de Lagrée auprès de l’amiral de la Grandière.

Bien que les chroniques ne s’entendent pas sur l’objet de sa visite à l’amiral, le but du voyage du roi Norodom était certes d’obtenir de la France la restitution au Cambodge des trois provinces dont l’empereur Tu-Duc s’était permit de disposer en signant le traité de 1863. Ces trois provinces comprennent:

1) Vinh-Long (Vinh-Long, Sadec, Travinh, Soctrang)
2) Chaudoc (Chaudoc, Long-Xuêng, Canthor)
3) Hatien (Hatien, Rach-Gia et Bac-Lieu).

Libérées par Ang-Duong de l’emprise annamite (voir précédemment), ces trois provinces doivent rester khmères et la France ne doit pas les considérer comme colonie française, les accords conclus avec l’empereur Tu-Duc, sans l’assentiment du Cambodge, étant sans valeur.

S.M. Norodom obtient une promesse à ce sujet (“Roi de Kampuchea”, p.2), il rentra en octobre 1864, confiant en un prochain retour à la patrie cambodgienne des provinces en question.

Mais en 1867 “les soulèvements cambodgiennes pour l’indépendance cochinchinoise, soutenus par la Cour de Hué, amenèrent la France à occuper ces trois provinces et à écarter la promesse qu'elle a faite par la voix de l’amiral de Lagrandière à S.M. Norodom et à rester sourde aux protestations douloureuses de celui-ci (“Roi de Kampuchea”, p.2).

L’occupation de ces provinces par la France fut donc un coup de force violant délibérément la souveraineté et l’intégrité territoriale du Cambodge.

S. M. Norodom, après ses démarches personnelles, envoya en France son fils, le prince Yukanthor, pour protester non seulement contre les abus du régime déguisé de tutelle de protectorat, mais encore contre l’annexion par la France des provinces khmères de Cochinchine.

Dans son mémoire, adressé au gouvernement de la République française, le Prince Yukanthor, en rappelant des circonstances des traités de 1884 et de 1887, protesta énergiquement contre les abus du pouvoir colonial:

“M. Doumer vint et sauva le Roi ... au prix de l’ordonnance de 1897 qui fait du Souverain et du peuple cambodgien, une chose entre les mains du résident supérieur, sans garantie d’aucune sorte, les livrant à l’arbitraire dont ils souffrent et se plaignent aujourd’hui”.

L'arbitraire de la nation protectrice se manifeste également au sujet de la Cochinchine, que les Français continueront à occuper jusqu’au 1954 et qu’ils laisseront à leur départ aux mains des Viêtnamiens. Le Roi Norodom et ses successeurs protesteront en vain contre cette atteinte à la souveraineté du Cambodge sur ce territoire.

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